L’ouest, toujours l’ouest !

Carénage sur la cale de l’Aber Wrac’h cette fois, dernières visite au Moulin de l’Enfer à admirer le Bel Espoir II qui renait peu à peu, balade au Pont du Diable, et puis bien sûr, nous sommes repartis…Oh, pas comme des voleurs, impossible de quitter l’Aber Wrac’h discrètement : la veille de notre départ, hasard du calendrier et de la météo, l »Étoile », la « Belle Poule » et « La Grande Hermine » viennent s’amarrer sur le même quai que nous. Échanges, visites (merci Guillaume ! ), admiration respective, on ne pouvait espérer plus belle conclusion à notre séjour dans l’Aber. Le lendemain l »Étoile » appareillera peu après nous, et hommage suprême, nous saluera quand nos routes divergeront : eux par le Chenal du Four, nous par le Fromveur.
Pas trop de vent pour traverser le Golfe, 3 jours au mouillage de Cedeira en Galice à attendre une bonne météo, et le vent nous accompagne jusqu’à Horta, un seul bord de largue !

On n’avait pas vraiment prévu de s’arrêter, mais une fois encore c’est le vent qui a décidé, et notre bateau. On a de plus en plus l’impression que c’est lui qui nous emmène, on n’a qu’à se laisser conduire, et ça nous plait.
En fait, retrouver Horta, avec le Pico en toile de fond, c’est un grand bonheur. On nous fait vite passer un test covid, et le lendemain nous sommes libres, libres de retrouver nos amis, Leandro, qui a déjà photographié notre arrivée, Pedro, Luis, Rita et le petit Francisco, Jose Henrique du Peter Cafe Sport. Anne Marie découvre le bateau jardin de Pedro, à Praia da Norte, on fait la connaissance d’Anna Luisa, 6 jours de fête, de retrouvailles…Je laisse mon troisième et dernier chêne aux bons soins de Pedro. Avec lui je suis tranquille, c’est un jardinier extraordinaire, et j’avais peur qu’il ne survive pas au climat de Saint Pierre. Ce sont ainsi 3 chênes semés le long de notre chemin : un sous la garde de Jeanne, au Vrennig, un planté par Jean Yves au Moulin de l’Enfer, le dernier à Faial, nos descendants auront du bois pour construire leur bateaux s’ils le veulent.

La route vers Saint Pierre ne fut pas aussi favorable que celle d’Horta, beaucoup de près, que ni nous ni « Skøiern » n’aiment, et sitôt quitté le Gulf stream c’est la brume qui nous accueille, nous sommes bien sur le Grand banc de Terre Neuve. La brume, on la gardera jusqu’à l’arrivée, que l’on fera de nuit bien sûr…


Au réveil c’est Enrique Perez, le Capitaine de port, qui nous apprend que le port est fermé. Quand il nous demande quand nous comptons repartir nous lui répondons qu’on n’a rien prévu de tel, qu’on vient s’installer ici. Grand éclat de rire, la glace est brisée, encore un test covid, et 24 heures plus tard nous commençons notre vie de Saint Pierrais.
Si on avait voulu être discrets, c’est raté : le lendemain de notre arrivée on passe à la Télé, sur le plateau du Journal de 20h00 sur SPM 1ère ! Une première pour nous aussi, une expérience qui nous fait découvrir un monde insoupçonné, et qui nous sert de lettre d’introduction pour l’Archipel : tout le monde nous a vu, sait pourquoi nous sommes là, nos projets… vient nous voir et discuter avec nous. Et ce n’est pas l’émission de radio, le lendemain sur « Radio Saline », où nous sommes invités, qui arrange les choses…
Ce qui est vraiment extraordinaire sur ces petits cailloux français qui irritent tant les canadiens, c’est que c’est un lieu de rencontre pour les marins et autres voyageurs. Il ne se passe pas un jour sans que l’on rencontre des amis, ou les amis d’amis, qu’on n’a pas vu depuis des années, ici, de l’autre côté de l’Atlantique ! Des bretons, des marseillais, des marins, tels Laurent, avec qui nous avons navigué, il y a bientôt 40 ans, sur le « Liberté », Gérard, notre ami radio, Linda son épouse en visite chez leur fille Sonia…d’autres qui viennent de l’Aber Wrac’h, incroyable.
La nature est belle à Saint Pierre, elle nous rappelle la Norvège, le Canada, on aime cette végétation post glaciaire, les tourbières, les étangs aux plantes carnivores, les arbres qui luttent contre le vent. Visites à Miquelon, Langlade, pays des chevaux, l’Ile aux Marins, c’est la saison des « plates bière »(les mures jaunes de Norvège), des bleuets (les myrtilles), des framboises, des mures, il n’y a qu’à se baisser, on profite.
Bientôt on se préparera pour l’hiver, ce sera une autre aventure …

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