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A Mare Labor

A Mare Labor, la devise de Saint Pierre et Miquelon. Mare, elle est partout. Labor, tout dépend de ce que l’on entent par labor. Pour des retraités ce serait presque insultant, et pourtant… Ce serait sans compter sur la personnalité de Stéphane, grand pêcheur devant l’éternel, et la mer qu’il connait comme sa poche depuis qu’il est tout petit, qui est venu peu après notre arrivée sur l’archipel, accompagné de l’ami Laurent, pour demander au Capitaine de rempiler, enfin de donner quelques cours pour les apprentis pécheurs. En fait, le temps passe très vite à Saint Pierre, même l’hiver on ne risque pas ne devenir neurasthéniques. Petit territoire épargné par la folie Covid la vie continue tranquillement son cours. Enfin tranquillement, c’est sans compter les balades dans la »montagne », quelque soit le temps ou presque, avec Iris et ses copines, c’est sans compter sur les cours de Tai chi et de Taekwondo d’Anne Marie, les cours de navigation astronomique dispensés par Capi, l’apprentissage de l’arabe qu’il a repris et le bouquin qu’il est en train d’écrire, les soirées à écouter la musique irlandaise chez l’amie Nathalie, quand il ne s’agit pas d’entonner les chants de marins comme un équipage en bordée,

Bref, l’hiver on ne l’a pas vu passer. Au dire des « naturels » ils aurait été exceptionnellement doux, suffisant quand même pour nous faire profiter de la neige qu’Iris adore, mais pas assez pour englacer le Barachois qui abrite notre « SKØIERN » ni pour utiliser notre traineau norvégien. Le réchauffement climatique a bien l’air d’être là, Miquelon et Langlade s’apprêtent à divorcer, le cordon qui les reliait s’effrite sous l’effet des tempêtes de l’hiver, la séparation n’est plus qu’une question de temps.

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Le printemps arrive, oh tout doucement, mais le soleil est déjà haut dans le ciel, alors on réarme, les voiles sont à poste et on se prépare à retrouver la chanson de l’eau le long de la coque et la tranquillité des mouillages. Les « Zigotos » ressortent leur doris, ils doivent nous en construire un, les oiseaux sentent que l’hiver est fini, ils se font tout beaux.On n’ira pas bien loin, pas plus loin que l’Archipel, mais il faut bien s’en contenter, le Groenland, le Canada, ont fermé leurs portes. On s’est fait vacciner pour espérer continuer à voyager, mais on ne se fait pas trop d’illusions, il faut être patients, on est comme vous tous, on fait le gros dos en attendant que ça passe et on sait qu’on est privilégiés sur notre caillou.

L’ouest, toujours l’ouest !

Carénage sur la cale de l’Aber Wrac’h cette fois, dernières visite au Moulin de l’Enfer à admirer le Bel Espoir II qui renait peu à peu, balade au Pont du Diable, et puis bien sûr, nous sommes repartis…Oh, pas comme des voleurs, impossible de quitter l’Aber Wrac’h discrètement : la veille de notre départ, hasard du calendrier et de la météo, l »Étoile », la « Belle Poule » et « La Grande Hermine » viennent s’amarrer sur le même quai que nous. Échanges, visites (merci Guillaume ! ), admiration respective, on ne pouvait espérer plus belle conclusion à notre séjour dans l’Aber. Le lendemain l »Étoile » appareillera peu après nous, et hommage suprême, nous saluera quand nos routes divergeront : eux par le Chenal du Four, nous par le Fromveur.
Pas trop de vent pour traverser le Golfe, 3 jours au mouillage de Cedeira en Galice à attendre une bonne météo, et le vent nous accompagne jusqu’à Horta, un seul bord de largue !

On n’avait pas vraiment prévu de s’arrêter, mais une fois encore c’est le vent qui a décidé, et notre bateau. On a de plus en plus l’impression que c’est lui qui nous emmène, on n’a qu’à se laisser conduire, et ça nous plait.
En fait, retrouver Horta, avec le Pico en toile de fond, c’est un grand bonheur. On nous fait vite passer un test covid, et le lendemain nous sommes libres, libres de retrouver nos amis, Leandro, qui a déjà photographié notre arrivée, Pedro, Luis, Rita et le petit Francisco, Jose Henrique du Peter Cafe Sport. Anne Marie découvre le bateau jardin de Pedro, à Praia da Norte, on fait la connaissance d’Anna Luisa, 6 jours de fête, de retrouvailles…Je laisse mon troisième et dernier chêne aux bons soins de Pedro. Avec lui je suis tranquille, c’est un jardinier extraordinaire, et j’avais peur qu’il ne survive pas au climat de Saint Pierre. Ce sont ainsi 3 chênes semés le long de notre chemin : un sous la garde de Jeanne, au Vrennig, un planté par Jean Yves au Moulin de l’Enfer, le dernier à Faial, nos descendants auront du bois pour construire leur bateaux s’ils le veulent.

La route vers Saint Pierre ne fut pas aussi favorable que celle d’Horta, beaucoup de près, que ni nous ni « Skøiern » n’aiment, et sitôt quitté le Gulf stream c’est la brume qui nous accueille, nous sommes bien sur le Grand banc de Terre Neuve. La brume, on la gardera jusqu’à l’arrivée, que l’on fera de nuit bien sûr…


Au réveil c’est Enrique Perez, le Capitaine de port, qui nous apprend que le port est fermé. Quand il nous demande quand nous comptons repartir nous lui répondons qu’on n’a rien prévu de tel, qu’on vient s’installer ici. Grand éclat de rire, la glace est brisée, encore un test covid, et 24 heures plus tard nous commençons notre vie de Saint Pierrais.
Si on avait voulu être discrets, c’est raté : le lendemain de notre arrivée on passe à la Télé, sur le plateau du Journal de 20h00 sur SPM 1ère ! Une première pour nous aussi, une expérience qui nous fait découvrir un monde insoupçonné, et qui nous sert de lettre d’introduction pour l’Archipel : tout le monde nous a vu, sait pourquoi nous sommes là, nos projets… vient nous voir et discuter avec nous. Et ce n’est pas l’émission de radio, le lendemain sur « Radio Saline », où nous sommes invités, qui arrange les choses…
Ce qui est vraiment extraordinaire sur ces petits cailloux français qui irritent tant les canadiens, c’est que c’est un lieu de rencontre pour les marins et autres voyageurs. Il ne se passe pas un jour sans que l’on rencontre des amis, ou les amis d’amis, qu’on n’a pas vu depuis des années, ici, de l’autre côté de l’Atlantique ! Des bretons, des marseillais, des marins, tels Laurent, avec qui nous avons navigué, il y a bientôt 40 ans, sur le « Liberté », Gérard, notre ami radio, Linda son épouse en visite chez leur fille Sonia…d’autres qui viennent de l’Aber Wrac’h, incroyable.
La nature est belle à Saint Pierre, elle nous rappelle la Norvège, le Canada, on aime cette végétation post glaciaire, les tourbières, les étangs aux plantes carnivores, les arbres qui luttent contre le vent. Visites à Miquelon, Langlade, pays des chevaux, l’Ile aux Marins, c’est la saison des « plates bière »(les mures jaunes de Norvège), des bleuets (les myrtilles), des framboises, des mures, il n’y a qu’à se baisser, on profite.
Bientôt on se préparera pour l’hiver, ce sera une autre aventure …

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Un hiver en Bretagne…et confinés au printemps…

On a traversé une fois de plus la mer du Nord, une fois de plus elle ne s’est pas montrée facile. On a donc du s’arrêter à Esbjerg, qu’on connait bien, et attendre presque 2 semaines dans la nouvelle « marina » que les vents tournent . On n’est pas allés bien loin, il a fallu faire escale à Oudeschild, sur l’Ile de Texel, aux Pays Bas, et on ne l’a pas regretté, tellement l’atmosphère de ce port de pêche est prenante et nouvelle pour nous : les polders entourés de digues, les moutons qui y broutent, le village blotti en contrebas, les pompes que l’on entend la nuit, le jour, et permettent au niveau de l’eau de ne pas trop monter…On fait provision de fromage et on rejoint Boulogne avec un bon vent, pas fâchés de laisser derrière nous une mer qui n’en est plus une, avec des champs gigantesques d’éoliennes qui concurrencent maintenant les plate formes pétrolières, des couloirs de navigation qui n’offrent guère de place ni de plaisir aux marins, où la nature semble saccagée…
A Lézardrieux nous retrouvons l’ami Gilles qui va nous faire découvrir le Trieux de son enfance et le Château de La Roche Jagu, splendide, l’ami Alain nous fera connaître le Sillon de Talbert, rencontrer Dominique et Xavier, puis bien vite nous rejoignons l’Aber Wrac’h où nous allons passer l’hiver.

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Ce sont les vacances, Manon, Enzo et Kylian retrouvent notre mode de vie : balades, excursion au phare de l’Ile Vierge, visite du « Bel Espoir » au Moulin de l’Enfer où travaille maintenant Jean Yves, l’ami charpentier, grandes tablées avec Paskal, Tao et Lucie, bref, les vacances !
L’hiver s’installe, tempêtes, pluie, coups de vent, rien ne nous sera épargné ! Heureusement on trouvera un abri pour revernir nos mats au Chantier de Saint Antoine, et de rares fenêtres météo pour démâter, et remâter. Merci Bruno, Morgan, Bastien ! Côté couture Sofi nous fait tout ce dont nous avions besoin, même le bandana d’Iris ! On trouvera aussi les moments pour faire de grandes promenades, elles sont infinies, ce qui fait la joie de notre chien. Lise nous apprend à récolter les algues, les sécher, et à les manger ! En échange on offrira à sa fille Jeanne un « bébé » chêne, un gland ramassé au bord du Trieux puis « élevé » sur « Skøiern », un peu pour nous faire pardonner d’avoir utilisé tant de bois pour construire notre bateau.
Et puis, toujours, toujours, l’âme de Michel Jaouen qui plane sur l’Aber : le Rara Avis, les baraques de Pen Enez, les gamins de tous bords qui l’entendent encore dire : »Démerdez vous pour être heureux »…

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En février, avec Enzo et Manon, pèlerinage à Marseille , que l’on trouve changée par certains aspects, mais où on se retrouve et retrouve la famille : Jacques, Sophie, la « grande » Manon, Ibrahim, Émilie, Kylian, Virgile, et les amis marins : Daniel et Monique, Eric du Frioul, Margot et Philippe sur « le Don du vent », Michel sur son « Léopard Normand » : nous avions acheté nos 3 bateaux, la même année, en 1979…Les calanques, la Sainte Victoire, le Frioul, la Société Nautique, le Panier, la rue longue des Capucins, la Corniche et le Vallon des Auffes, le Pharo, les Goudes, Saint Victor et le Four des navettes, il nous aurait fallu beaucoup plus de temps dans cette ville qu’on aime, où nous avons vécu une grande partie de notre vie de marin. Beaucoup, beaucoup d’émotion

Et puis le Covid 19 est arrivé, juste avant le printemps, avec son cortège de désolations, avec le confinement, prison moderne pour une humanité qui reçoit une terrible leçon, elle qui pensait qu’il suffisait d’un smartphone et de quelques applications pour être heureux…
Pourtant, que la nature est belle…

Le centenaire de SKØIERN à Grimstad

La route pour Grimstad passe par Douarnenez, où nous retrouvons notre charpentier et ami Jean Yves, Gwenaël le paysan, Fred le voilier…puis l’Aber Wrac’h, où le « Bel Espoir II » mue en un nouveau « Bel Espoir » que nous espérons bien rencontrer un jour sur les mers, Lézardrieux où l’ami Gilles nous attend pour nous emmener dans ses bois, Boulogne où les ancêtres de Capi, les Flahaut et les Bacquet, ont sévit quelques siècles auparavant….
A Kristiansand nous rencontrons les passionnés du « Hestmanden », de 1911, seul rescapé des quelques 1000 navires marchands norvégiens ayant servi pendant la 2ème guerre mondiale, puis le Blindleia, et enfin Grimstad

Dans les bois de Gilles : Au pied de mon arbre, ce géant de 34 m dans les bois de Kermarie, à Loguivy de la mer, vaut le détour : 34m de hauteur, 8,30m de circonférence, c’est un géant. Il aurait été arrêté à un moment de son existence, cet incident aurait provoqué la croissance de 5 ou 6 troncs qui lui donnent l’aspect d’une pieuvre. Les Bretons, grands voyageurs, auraient ramené des graines de pin de Monterey (pinus radiata), de la baie californienne du même nom. La météo du Goëlo semble convenir parfaitement à cette espèce de bord de mer. C’est impressionnant de voir vieillir ces arbres venus d’autres continents. A 140 ans le pin de Loguivy  est probablement l’un des plus anciens introduits en France, et le plus imposant en Bretagne, assurément ( d’après Mikaël Jézégou, technicien forestier des Côtes d’Armor)

 

Le 28 juillet, devant le chantier Jørgensen og Vik, maintenant musée privé de l’armateur Bergshav, « Skøiern », ex « Mars » retrouve sa soeur « Lady III », ex « Liv », un siècle plus tard ! L’émotion est grande, le spectacle de ces 2 bateaux magnifique, tant tout cela recèle de hasards, de volontés, d’acharnement pour que ces 2 voiliers, quasi identiques, se retrouvent 100 ans plus tard.
Fredrik Gude et sa famille nous recevront comme des amis, nous seront entourés de magnifiques voiliers classiques venus de tous les coins du fjord d’Oslo, nous aurons vécu un moment historique.

Nous étions là :
Anne Marie Della Casa, Patrick Chalmeau, Stéphane Chalmeau, Manon La Brousse, Enzo Chalmeau, Fredrik Gude, Cecilia Gude, Thomas Gude, Allman Gude, Chris Ennals, Peter Ennals, Mona et Arne….Zoé et Iris…

Avec Manon nous rejoignons Oslo, toujours hôtes de Fredrik au Osloforening, sur l’île de Herben, et nous lui faisons découvrir les musées de Bygdøy : le Fram de Nansen, le Gjoa d’Amundsen, le Kon Tiki de Thor Heyerdal, que Capi rencontra un jour à Djibouti, le musée Viking, et à Oslo nous tomberons sous le charme des scuptures de GustavVigeland dans le Frognerparken puis des peintures de Munch au Munch Museet.
Plus tard, toujours au Osloforening, Capi retrouvera Pele, son grand ami suédois….

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