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Piriapolis

On s’intalle pour l’hiver à Piriapolis, c’est tranquille, on a tout ce qu’il nous faut, le port est bien protégé, on va pouvoir se reposer et préparer la suite de notre voyage. On sent déja le Grand Sud ici. Beaucoup de bateaux viennent de l’Antarctique, où vont y aller et la Patagonie est presque un lieu de promenade pour les argentins où autres navigateurs. Les cultures espagnoles et italiennes se mélangent, se complêtent et il est dur de choisir entre la fabrique de raviolis et pâtes fraiches, l’asado ou la paella. Tout le monde se promène avec son maté, jeunes et vieux, le thermos d’eau chaude sous le bras, la « calebasse » à la main.

L’automne est là, l’hiver approche. Première grosse tempête, première flambée dans le poële, on a ressorti les polaires et les animaux sont passés sous la couette…

Automne

Eh voila, nous avons quitté le Brésil. A regret, car 2 mois c’est vraiment trop court, mais il nous fallait être en Uruguay suffisamment tôt pour essayer d’éviter le mauvais temps. On aurait voulu rester un an dans ce pays, tellement il est grand et varié. Et puis comme ça j’aurais pu maitriser le portugais avant de me remettre à l’espagnol. Avec la politique étrangère de notre cher pays cela ne risque pas d’arriver…
On a évité Rio et son carnaval et préféré le calme d’Ilha Grande. Là, malgré les flots de touristes on peut être tranquille au mouillage, faire sa provision d’eau et prendre sa douche sur la plage, directement avec l’eau de la montagne. Les décibels, se sont les oiseaux qui nous les fournissent au lever du soleil, quand ce ne sont pas les cris des singes qui manifestent leur mécontentement d’être dérangés.
Quelques milles plus loin c’est Paraty, haut lieu du tourisme, des artistes et des milliardaires. Ils ont remplacés les esclaves qui eux aussi arrivaient par bateaux entiers…La ville est très belle, envahie par la mer à chaque grande marée, on a bien aimé, profité des dernières noix de coco.
Rio Grande do Sul, notre dernière escale brésilienne, cachée au bout d’un long chenal. Encore un autre Brésil, on se croit presque en Europe, on retrouve l’herbe verte, il fait plus frais. De vrais gauchos se promènent en ville, fiers de leur costume, le cheval est roi. Les pêcheurs restent à quai, ils ont pêché tout le poisson, il ne reste plus grand chose, ici comme ailleurs….Le Musée océanografique soigne quelques manchots de Magellan, égarés, le vieux lion de mer fait des longueurs dans sa piscine.
En mer notre premier albatros, à sourcils noirs, puis les sternes arctiques qui remontent du pôle sud pour aller nicher dans l’arctique, notre premier pampero, à notre entrée en Uruguay. Il n’y a pas de doute, l’automne est là, il est temps de s’arrêter. Ici à Piriapolis nous devrions être bien, après une année à naviguer, 8862 milles depuis Paimpol. J’ai remonté la cheminée du poêle, on ressort les polaires, on reprend les soirées cinéma et le chat nous a rejoint sur la couette.

Les Abrolhos

A mi-chemin entre Salvador et Ilha Grande, perdu en mer, un petit archipel de cinq iles : les Abrolhos. réserve naturelle, terrain militaire, interdit de débarquer sans autorisation, sauf sur une des îles…

8 familles, militaires, vivent ici pour 2 ans, non renouvelables, on comprend pourquoi. Les baleines jubartes viennent mettre bas et nourrir leur rejetons (à la bonne saison), les tortues pondent à la pleine lune, les fous masqués, les fous bruns, les frégates, les paille en queue, des sternes y nichent. Pour les plongeurs c’est le corail et toutes ses merveilles.

Nous avons été accueillis par les militaires, invités à débarquer, promené Dick dans la réserve….et il a fallu s’arracher à la caïpirinia avant de regagner le bord…On serait bien restés dans ce paradis.

Brasil

Difficile le Brésil. Ici tout est grand, tout est loin, les building bordent le rivage, on n’avait pas compris qu’on entrait dans un très grand pays, très peuplé, à la fois moderne et archaïque. Les pick-up cotoient les chevaux , les ânes et les mules, la mangrove les hotels à touristes, la pauvreté la plus sordide la richesse insolente. Ici à Salvador de Bahia la plage des « crakés » jouxte les résidences de luxe, bunkers gardés jour et nuit. On mange dans la rue ou dans les gargottes, les réceptions mondaines ne sont pas pour nous. La musique, jamais avare de décibels, accompagne nos nuits, on n’a pas à se déplacer pour les concerts, même dans la couchette on en profite !

Tout près de Salvador le mouillage d’Itaparica est plus calme et en remontant le rio Paraguaçu le marché de Maragojipe vaut le détour. La pauvreté est toujours présente mais sans la violence des grandes villes. Les paysans arrivent au marché à cheval et on se charge tant de fruits et de légumes qu’il nous faut les services d’un taxi (brouette) pour regagner le bord. Il y a encore quelques saveiros, des pirogues qui restent le moyen de transport le plus pratique pour traverser le rio.

Bahia Marina, ulta chic mais très efficace, nous a accueillis pour refaire une toilette à notre pauvre Skoiern, il en avait plus que besoin, on se demande comment on pouvait avancer avec tout ce qui était accroché à la coque. L’antifouling tropical et écologique n’est apparemment pas encore né!

Malgré qu’on ne capte plus RFI, ce qui nous manque beaucoup, on arrive à avoir des nouvelles du pays, on sait qu’on a 40° de chaleur de plus que vous….on sait que la campagne électorale bat son plein. Quant à la rubrique faits divers, c’est plus animé ici : l’armée remplace dans les rues la police en grève, il est vrai que la population en a profité pour piller les magasins, banques, bijouteries…

Demain départ pour Ilha Grande, à l’ouest de Rio que nous allons éviter car le Carnaval arrive.