Prince William Sound

Le Sound aura tenu ses promesses, certainement un des plus beaux endroits d’Alaska. Une féerie de montagnes, de glaciers qui se jettent dans la mer, pas d’habitations, seules quelques petites villes au fond des fjords, Cordova, Whittier, Valdez, vivant surtout de la pêche. Des loutres, leur bébé sur le ventre, des phoques qui se prélassent sur la glace, des baleines, des marsouins de Dall et des mouillages grandioses, des cascades, et des saumons ! Nous ne mangerons que cela pendant 3 semaines, et nous ne sommes pas rassasiés.

Après un mois dans le Sound il nous faut penser à repartir. Le Golfe d’Alaska n’est pas si facile et un bon coup de vent nous enverra nous réfugier à Yakutat, où nous resterons une semaine.

L’Alaska du Sud Est nous accueille de nouveau avec d’autres montagnes, d’autres glaciers, le mont Fairwheather, le mont La Pérouse , nous retrouvons les grizzlis à la pêche au saumon, puis Sitka, haut lieu Tlingit. Les russes y firent fortune avec les fourrures, les américains avec l’or, avant de se tourner, là encore, vers le saumon.

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Alaska, le chemin des écoliers

Quitté Nanaimo, Newcastle et Protection islands, quitté Vancouver, quittés nos amis. Bientôt un an que nous sommes ici, et la route pour l’Alaska est longue. Nous n’irons pas directement par la haute mer, le vent ne s’y prête pas, et puis nous voulons prendre le temps de découvrir à nouveau nos mouillages préférés : Squirrel Cove, Octopus islands, Growler Cove et notre ourse, cette fois accompagnée de ses deux petits, Alert Bay et ses totems. Puis, toujours plus Nord, God’s pocket, Fury Cove, Pruth bay et l’Hakaï Institut, véritable université nichée dans les îles, entourée des plongeons catmarin, chevaliers, grenouilles des arbres, et de loups que nous n’arriverons pas à voir. La nature explose, les lichens se font peintres, sculpteurs, les aigles nichent, les baleines soufflent, plongent, les orques patrouillent, les cascades regorgent de truites, les corbeaux sont amoureux, et c’est Prince Ruppert, la ville frontière.
De l’autre côté, en Alaska, la soeur jumelle, Ketchikan, encore imprégnée de l’aventure des chercheurs d’or en route pour le Yukon ou le Klondike, où la fortune quelquefois trouvée partait vite en fumée….De petits villages, isolés, beaucoup de pêcheurs. En Alaska on pêche souvent en famille, même les gros seneurs embarquent femmes, filles et garçons. Les villages indiens, comme Hoonah, nous accueillent, la culture des indiens Tlingit est très présente, elle n’a pas sombré dans le folklore, les artistes de maintenant n’ont rien à envier aux anciens, même si beaucoup de choses ont changé. Partout la même gentillesse, la même chaleur, nous n’avons pas besoin d’acheter le poisson, on nous le donne. Le paysage se transforme, les montagnes grandissent, les glaciers font leur apparition, les grizzlis aussi, les habitations plus rares, les villages ou les villes sont centrées sur la pêche. Le saumon est roi ici, en quelques mois les fortunes se font, à la senne, au filet ou à la ligne. Si les riches maisons canadiennes ont disparues, les touristes alimentent aussi l’économie, 7000 croisièristes en moyenne par jour, et jusqu’à 12000….
A Elfin Cove, dernière escale dans l’Alaska du Sud Est, nous découvrons l’or, celui du soleil couchant, avant notre traversée du Golfe d’Alaska. Le vent est favorable, nous marchons enfin à la voile. L’arrivée dans l’Hinchinbrook Passage sera tumultueuse et nous serons heureux de dormir tranquilles, bien à l’abri, entourés de pêcheurs, dans Deer Cove, ou les cerfs gambadent effectivement sur la plage.
Nous sommes dans le Prince William Sound.

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Printemps

L’hiver aura été plutôt doux. Nous aurons quelques jours de gel et de neige durant le chantier, à Commodore’s Boats, sur la rivière Fraser. Heureusement Bo, le patron,  ne travaille que le bois et nous aurons largement de quoi alimenter notre poêle ! Le temps de changer quelques bordés, de refaire une peinture neuve, et pas mal et beaucoup d’autres choses…et nous retrouvons notre vie de vagabonds, de mouillage en mouillage. On replonge dans la culture indienne dans les musées de Vancouver, retrouvailles avec l’ami Ronan, qui s’est établi à Protection Island, à 2 coups de pagaie de Nanaimo, avec Tim le poète des rues et son chien Doggy et puis, doucement, le printemps revient, les oiseaux s’activent, les fleurs réapparaissent sur Newcastle Island et à Silva Bay, sur Gabriola, pêcheurs, otaries, aigles se gavent de harengs. C’est sur Gabriola aussi que nous découvrons les pétroglyphes, traces de cette civilisation qui, il y a à peine 150 ans, était encore intacte et vivante.
Pendant ce temps le monde se convulse, on tue, on enlève, on décapite, on assassine, on bombarde, on explose, on asservit…toujours pour une bonne raison, comme si l’homme n’avait rien appris du passé. Difficile d’être optimiste sur l’avenir de l’humanité….
Dans quelques jours nous reprenons notre route, l’Alaska nous attend, nous avons besoin de la pureté des éléments et de la nature.

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Dick

Dick nous a quittés.

Il avait 14 ans. Comme un vrai marin il est parti un jour de tempête, nous laissant orphelins. Avec nous il est allé partout dans le monde, de la Tunise à la Norvège, passant par l’Angleterre, l’Irlande, les Orkneys, les Shetland, du Maroc à l’Afrique, traversant l’Atlantique, le Pacifique….. partageant tous nos instants, de nuit comme de jour, à la mer comme au port ou au mouillage. En dix ans il aura parcouru plus de 46 000 milles, jamais effrayé, toujours dans l’attente des dauphins, acceptant notre vie de vagabondage. Partout il aura été la vedette, dans les bras des petits guinéens comme dans ceux des indiennes cunas. Comme a dit Francesca Ivaldi, qui l’avait si bien soigné à Grenada, » though he was small, he filled everyone’s heart »
Il va nous manquer terriblement, avec lui c’est un quart de l’équipage qui disparaît.
Nous avons enterré ses cendres en terre indienne, sous un pin que nous avons planté, les biches et autres habitants de la forêt seront ses compagnons.

Adieu Dick

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