Les Abrolhos

A mi-chemin entre Salvador et Ilha Grande, perdu en mer, un petit archipel de cinq iles : les Abrolhos. réserve naturelle, terrain militaire, interdit de débarquer sans autorisation, sauf sur une des îles…

8 familles, militaires, vivent ici pour 2 ans, non renouvelables, on comprend pourquoi. Les baleines jubartes viennent mettre bas et nourrir leur rejetons (à la bonne saison), les tortues pondent à la pleine lune, les fous masqués, les fous bruns, les frégates, les paille en queue, des sternes y nichent. Pour les plongeurs c’est le corail et toutes ses merveilles.

Nous avons été accueillis par les militaires, invités à débarquer, promené Dick dans la réserve….et il a fallu s’arracher à la caïpirinia avant de regagner le bord…On serait bien restés dans ce paradis.

Brasil

Difficile le Brésil. Ici tout est grand, tout est loin, les building bordent le rivage, on n’avait pas compris qu’on entrait dans un très grand pays, très peuplé, à la fois moderne et archaïque. Les pick-up cotoient les chevaux , les ânes et les mules, la mangrove les hotels à touristes, la pauvreté la plus sordide la richesse insolente. Ici à Salvador de Bahia la plage des « crakés » jouxte les résidences de luxe, bunkers gardés jour et nuit. On mange dans la rue ou dans les gargottes, les réceptions mondaines ne sont pas pour nous. La musique, jamais avare de décibels, accompagne nos nuits, on n’a pas à se déplacer pour les concerts, même dans la couchette on en profite !

Tout près de Salvador le mouillage d’Itaparica est plus calme et en remontant le rio Paraguaçu le marché de Maragojipe vaut le détour. La pauvreté est toujours présente mais sans la violence des grandes villes. Les paysans arrivent au marché à cheval et on se charge tant de fruits et de légumes qu’il nous faut les services d’un taxi (brouette) pour regagner le bord. Il y a encore quelques saveiros, des pirogues qui restent le moyen de transport le plus pratique pour traverser le rio.

Bahia Marina, ulta chic mais très efficace, nous a accueillis pour refaire une toilette à notre pauvre Skoiern, il en avait plus que besoin, on se demande comment on pouvait avancer avec tout ce qui était accroché à la coque. L’antifouling tropical et écologique n’est apparemment pas encore né!

Malgré qu’on ne capte plus RFI, ce qui nous manque beaucoup, on arrive à avoir des nouvelles du pays, on sait qu’on a 40° de chaleur de plus que vous….on sait que la campagne électorale bat son plein. Quant à la rubrique faits divers, c’est plus animé ici : l’armée remplace dans les rues la police en grève, il est vrai que la population en a profité pour piller les magasins, banques, bijouteries…

Demain départ pour Ilha Grande, à l’ouest de Rio que nous allons éviter car le Carnaval arrive.

On change d’hémisphère

On savait qu’on aurait pas beaucoup de vent, mais pas à ce point là ! L’Afrique ne voulait sans doute pas qu’on la quitte. Le gas oil manquait déjà depuis 3 semaines à Bubaque, dernière escale des Bijagos, la coque de Skøiern, bien nettoyée par l’eau douce de la Gambie commençait à ressembler à un joli jardin, et pas de vent. Alors on a attendu, profité des grains pour avancer, regrettant le courant qui nous faisait reculer certains jours, mais on a été récompensés : les baleines à bec, furtives, la raie manta qui vient se coller à l’arrière le matin au petit jour, l’éclair bleu métallique de la coryphène qui saute sur la vague ou sur notre appat, le ciel de la nuit qui change petit à petit, nous laissant découvrir la Croix du sud, l’eau de pluie qu’on récolte à chaque grain, la toilette sur le pont, la plus belle salle de bain du monde, même si c’est à l’eau de mer qu’on se lave….Les animaux vivent très bien leur traversée, Zoé faisant le quart les nuits de beau temps, Dick guettant ses copains dauphins, et tout les deux réclamant leur poisson quotidien, frais bien entendu. Passé l’Equateur, le pot au noir nous a enfin laché, et après quelques jours de galop dans l’alizé de Sud Est le sondeur a fini par trouver le fond, et il a fallu quitter le grand large pour retrouver la civilisation.

24 jours qu’on aurait bien prolongés, mais bon, Skøiern avait droit lui aussi a un peu de repos. Ici, au mouillage de Jacaré ( Cabedelo et Joa Pessoa), on a le temps de s’occuper de lui.

La mangrove est toute proche, on dirait l’Afrique, mais les motos des mers et autres bateaux à touristes nous ramènent à la réalité : nous sommes au Brésil.

Guine Bissau

Bubaque, dernière escale africaine avant de nous retrouver seuls sur l’océan. Nous avons du mal à nous arracher de ce continent, et ce ne sont pas les quelques jours que nous venons de passer qui vont nous y aider. D’abord Cacheu, bien cachée derrière ses bancs de sable, défendue par son fort portugais orné de bronzes énormes : Henri le navigateur, Staline, Lénine…puis Bolama, ex capitale en ruine à l’ombre des fromagers géants, où nous avons refait le monde à coup de vin rouge avec le Gouverneur de la province, le Capitaine de port et le Directeur des pêches, puis les îles Bijagos où nous sommes aller mouiller juste là où allait se passer une cérémonie, interdite bien sûr aux non initiés. Etranges ces Bijagos, où se sont les femmes qui dirigent les cérémonies, où l’initiation dure 3 ans pour les femmes, 8 ans pour les hommes (ils doivent alors divorcer et partir dans la nature). Nous sommes arrivés à la fin de cette période, où les hommes allaient être enfin libres, et à la pleine lune les bombolong ont retenti toute la nuit. Les femmes sont en pagne, la tête rasée pour l’occasion, le Roi du village voisin est là, l’autre est mort et sera peut être remplacé….On a du mal à croire à tout ça, mais les endroits interdits existent, comme la forêt des filles défuntes, et le soir fatidique nous avons du changer de mouillage, et ça sentait la cana à des milles à la ronde.
Ibrahima le pêcheur nous a tout expliqué, lui qui est arrivé sur cette île il y a plus de 15 ans. Nous l’avons quitté, avec sa famille, chargé de plus de 50 kg de pamplemousses, d’oranges, de bananes…
On a du mal à imaginer que ce sera bientôt Noël, nous serons en mer, pas trop loin du Brésil, du moins on espère. Peut-être aurez vous de la neige?