Pitcairn, rêve d’enfant, rêve de marin, nous y sommes! La houle est forte, nous mouillons dans ce qui s’appelle Western Harbor, un mouillage par plus de 20 mètres de fond, ouvert à toutes les houles…..Andrew vient nous chercher avec son canot, et quand nous passons la minuscule jetée, poussés par une déferlante de 3 mètres, pour accoster le long d’un quai encore plus minuscule, nous comprenons que le sang des marins du Bounty ne s’est pas gâté! Ils ne sont plus qu’une quarentaine, sur leur île fleurie, reliés au monde uniquement par bateau, et internet! Tous descendants des mutins, de Christian Fletcher et John Adams, le véritable patriarche.
Les jeunes vont faire leur études en Nouvelle Zélande et ne reviennent pas, le Pasteur, Jean Claude, n’a plus beaucoup de paroisiens….Heureusement les paquebots et les voiliers de passage mettent un peu de piment dans la vie de cette petite communauté, où l’influence de l’histoire, leur histoire, est présente partout et à tout moment.
On repart de Pitcairn chargés de fruits et légumes, on a échangé les adresses, on recevra la gazette de l’île par internet, curieux mélange de passé et de présent!
Pâques
Adieu Panama et ses buildings pour riches, adieu nos fidèles pélicans, la longue route pour l’île de Pâques nous attend. Il nous surprendra, le Pacifique, immense désert salé, les rencontres seront rares, un fou par ci, une coryphène par là, pas de bateaux…
Il nous faudra tirer des bords, puis marcher plus de 3 semaines au près, mais la récompense est là : une courte d’escale d’à peine 24 heures dans la baie d’Anakena, le temps que le vent tourne et nous déloge de là. Le temps d’admirer les moaïs qui dégagent tant d’énergie, presque inquiètants, le temps d’admirer les troupeaux de chevaux qui broutent librement. Trop peu de temps, mais nous reviendrons, dans quelques temps, Pâques est sur la route du Chili…..
Canal de Panama
Une fois n’est pas coutume, cette fois ci nous avons été aidés par de fidèles reporters : merci à Emilie, Stéphane et Alain pour nous avoir suivis, photographiés, tracés…
Dimanche 26 janvier à midi appareillé de Shelter bay Marina pour le mouillage d’attente des « Flats », avec à bord 3 « handliners », Mario, Moricio et Juan, il nous faut en effet 4 équipiers en plus du barreur pour passer le Canal, plus 4 aussières de 38 m et 22 mm de diamètre, des défenses supplémentaires, et une inspection qui nous vaudra de rajouter 2 taquets à l’arrière et d’être mesurés à 16,80 m de long… A 16h00 l »advisor », Roy, (le Pilote), embarque et nous nous dirigeons vers la 1ère écluse de Gatun, admirant au passage les immenses portes qui vont équiper les nouvelles écluses. Nous suivons un cargo, le « Polarstream », qui éclusera en même temps que nous. A 18h00 les 3 écluses sont passées sans problème, et nous avons droit à une nuit dans le lac de Gatun, amarrés sur bouée. Nos équipiers en profitent pour se baigner, nous nous avons peur des crocodiles (en fait on en aura vu seulement sur la berge avant les écluses).
Lundi matin les singes hurleurs nous réveillent et à 06h45, Pilote à bord ( Hector ) . La traversée du lac est longue, 34 milles, le raccourci du « Banana cut » est fermé. Dommage, car c’est la nature à l’état brut mais nous devrons suivre le chenal dragué à – 12m.
A 12h45 nous entrons dans l’écluse de Pedro Miguel, avec 2 autres voiliers, amarrés à couple, suivis de près par le vracquier « Saga Wave », tiré par ses 8 « mules ». Ensuite ce seront les 2 écluses de Miraflores et à 15h30 « Skoiern » baigne pour la première fois dans les eaux du Pacifique !
Dures journées, demandant beaucoup d’attention, mais nous étions bien préparés et nos handliners et pilotes étaient de vrais pros. Le Canal de Panama est un ouvrage extraordinaire sur le plan technique, parfaitement organisé, en parfait état et nous avons pensé aux 20 000 vies humaines qu’a coûté la première tentative de Ferdinand de Lesseps.
San Blas Colon
Nous quittons Grenade, cap à l’Ouest, toujours à la poursuite du soleil…Un bon vent arrière nous pousse et il deviendra vite fort, au large de la Colombie. Nous n’en apprécierons que plus le calme des San Blas. Etonnantes îles, ambassadrices des atolls du Pacifique, couvertes de cocotiers, émergeant de quelques dizaines de cm seulement. Les indiens Kunas les habitent, exclusivement. C’est leur pays, le Kuna Yala, arraché de longue lutte aux divers envahisseurs, même les plus modernes. La civilisation occidentale ne pénètre ici que peu à peu, les femmes gardent leurs costumes traditionnels, cousent des « molas » à la main, manient la pagaie de leur « ulu » aussi bien que les hommes. Ils se savent menacés par la montée des eaux et préparent déja leur établissement sur le continent.
Un peu plus loin, à mi chemin de Colon, Portobelo : Dans la baie on pourrait se croire encore au temps des galions espagnols chargés d’or, à terre les vestiges espagnols cotoient les bus bariolés de Panama, l’église San Felipe abrite le Christ noir, vénéré dans toute l’Amérique centrale, les vautours cerclent dans le ciel et la pauvreté se fait sentir….
Avant d’attaquer dans le Pacifique il nous faut une coque propre et nous refaisons une grande toilette à Skoiern sous les palmiers, à Shelter bay Marina, en face de Colon. La forêt toute proche et ses habitants nous attire aussi. Il fait chaud, c’est la sieste…
Et maintenant, le Canal !